L’Ecole des HautsAnne-Christine grimpe chaque lundi matin, pendant plus de trois heures, des sentiers escarpés, traverse des rivières parfois en crues, pour rejoindre sa petite école de 13 élèves, au milieu des montagnes du cirque de Mafate de l’île de la Réunion.

Enfants des 15 familles de l’îlet à Bourse, Julian, Médéric, Isa et les autres, vivent là, loin des routes, de la société de consommation et du monde moderne, et fréquentent chaque jour la classe unique de l’école. Avec une autorité certaine, mais aussi grâce à son talent exercé dans un climat de sérénité, de bienveillance et de tendresse, Anne-Christine donne l’envie d’apprendre à ces enfants de 2 à 12 ans, dont les parents perpétuant un mode de vie ancestral de paysan, restent parfois sceptiques sur l’utilité de l’école de la République.

Quel sera l’avenir de ces enfants, partagés entre l’isolement géographique de leur îlet, les traditions ancestrales et la modernité introduite par les nouvelles technologies et le tourisme ? Anne-Christine fait le pari que l’enseignement scolaire fondamental, le développement de la pensée, de la réflexion, de la créativité, enrichira leur savoir et leur permettra de trouver leur place en équilibre entre ces deux mondes.

A l’âge où d’autres prennent leur retraite, Danielle Jay, photographe reconnue pour son magnifique livre « Entre Cirques et Pitons », signe là son tout premier film. Pendant plus de 2 ans, elle aura fait d’innombrables allers-retours à l’îlet à Bourse, toujours à pied, passant parfois par Salazie quand la rivière des Galets était impraticable. Malgré les nombreuses difficultés, elle n’a jamais baissé les bras. Au final, « l’Ecole des Hauts » est un film d’une rare intimité, tourné aussi bien dans la classe que dans les familles des écoliers. Les enfants nous étonnent par leur spontanéité devant la caméra qu’ils ont vite oubliée au fil des mois. Tout en sensibilité, le film nous offre un regard frais et loin des clichés trop souvent véhiculés sur les habitants du Cirque.