Au fil de l’AmazoneAoût 2011, Amazonie brésilienne. Nous voilà immobilisés depuis 5 h devant le chantier d’un pont sur l’axe transamazonien nord sud Santarem-Cuiabà. La route est coupée pour permettre la mise en place de poutrelles et les voyageurs bloqués prennent avec philosophie ce contre temps fâcheux.

Nous avions atterri sur cette piste en vue d’atteindre la ville mirage de Fordlandia, bâtie en 1928 au bord du rio Tapajos par les Automobiles Ford, cité agro-industrielle idéale dédiée à l’exploitation du caoutchouc et au progrès de l’humanité. L’entrepreneur Henri Ford qui nous a légué la division scientifique du travail décide en 1927 d’implanter une usine pour traiter sur place le latex. Des dizaines de milliers d’hévéas sont plantés le long du rio Tapajos en pleine forêt amazonienne. Un fiasco ! Les arbres rapidement parasités dépérissent et les ouvriers meurent à la chaine pour toucher la prime de décès.

Qui n’a pas rêvé de descendre l’Amazone, ce monstre impétueux… Pour notre parcours entre Santarem et Belém nous avons mis tous les atouts de notre côté avec le choix minutieux du bateau, l’Amazon Star. Sur chaque rive défilent les arbres majestueux, les coquettes baraques sur pilotis des ribérinos dont les frêles embarcations hèlent les passagers. Au passage de chaque bateau de ligne, des enfants, parfois très jeunes, arriment leur barque au flanc du navire, dans l’espoir de vendre des produits de la forêt, comme de la pulpe d’açaï ou des cœurs de palmier.

Une de ces embarcations, secouée à l’abordage prend l’eau et le retour à la berge s’avère particulièrement dangereux pour les jeunes téméraires. L’équipage les ignore malgré l’inquiétude des passagers… Pas question pour le capitaine de ralentir le bateau ou de se rapprocher d’une rive… C’est malheureusement un fonctionnement classique de la société brésilienne où le plus fort écrase sans vergogne le faible, héritage des temps pourtant révolus de l’esclavage. Les jeunes se sont lancés dans les flots tumultueux et ont rapidement disparu de notre vue…

L’aube se lève sur les tours de Belém, symbole d’un renouveau de la ville née durant le boom du caoutchouc. Tout près des rives ou accoste l’Amazon Star, le négoce des produits du fleuve bat son plein sous les piliers du marché Ver-o-Peso inauguré en 1901…

Depuis 30 ans, Alain et Evelyne Basset parcourent le monde pour s’imprégner de son humanité multiple et aller au-delà des apparences. Après le Japon et la Turquie, le Brésil les absorbe totalement depuis 10 ans. Ils nous ramènent de 4 séjours en Amazonie des scènes émouvantes glanées au fil de l’eau entre Santarem et Belém.