Dans les régions boisées d’Amérique du nord, on rencontre facilement l’ours noir. Souvent, sa gourmandise légendaire le pousse à approcher les humains. 

Je prenais tranquillement mon petit déjeuner dans le parc national de Yosemite quand l’animal s’est approché de la table où j’avais déposé quelques victuailles. Habitué à ce genre de visite, je me lève du banc et me mets à gesticuler en parlant à voix haute, méthode infaillible pour éloigner les ours noirs. Mon ours n’était semble-t-il pas au courant de cette règle de bienséance. Après une brève hésitation, il continue son avancée vers moi. Je renouvelle alors ma prestation en insistant sur la méchanceté du personnage… Rien n’y fait ! Le bougre vient poser ses vilaines pattes de pique-assiette de l’autre côté de ma table, puis agrippe un carton dans lequel j’étais en train de mettre à l’abri ce qui pouvait être sauvé. Très vexé, j’empoigne des deux mains mon carton, tire très fort vers moi… trop fort ! Emporté par l’élan, je tombe à la renverse et me retrouve les jambes en l’air, le carton vide serré contre moi, les victuailles répandues sur le sol autour de mon visage ébahi. L’ours a sauté sur la table et me regarde en dandinant sa grosse tête. Je jurerais qu’il a retenu un fou-rire avant de choisir un yaourt aux fruits rouges et s’en aller le déguster plus loin.