Un voyage de cinq mois réalisé en 2009 est à l’origine de ce propos, des croquis et des photos qui l’accompagnent.

Le but de notre périple au départ de la France : la découverte de l’Iran et de l’Ouzbékistan. Le moyen de transport : un petit camping-car 4×4. Rejoindre par la route l’Ouzbékistan venant d’Iran nous imposait un transit par le Turkménistan. Quelques jours avant notre départ de France nous apprenions que les visas pour ce pays nous étaient refusés. Nous avons dû alors abandonner l’idée de découvrir l’Ouzbékistan. Après l’Iran et une courte étape dans le sud-est de la Turquie, nous avons pris la route pour la Syrie et la Jordanie.

Deux ans plus tard, en 2011, la guerre civile éclate en Syrie. Débute l’extermination d’un peuple par Bachar El-Assad et sa clique. L’opposition démocratique s’arme mais elle est impuissante face à l’inhumanité du régime et la montée de l’islamisme. La population fuit, la guerre s’attaque aux femmes, aux hommes, aux enfants mais aussi à l’histoire. Quelques mois ont suffi pour nous faire comprendre que la Syrie que nous avions connue n’existait plus, que nous ne retrouverions pas dans un prochain voyage l’accueil bienveillant des Syriens, que nous ne reverrions plus les traces de leur si prestigieux passé. En 2015, Daech dont le délire mortifère est le sinistre reflet de la violence du régime détruit le temple de Bel à Palmyre ; en 2016, les avions du tyran syrien et de son allié russe noient Alep sous les bombes…

Quelques années plus tôt nous campions dans la palmeraie de Palmyre, flânions à la tombée du jour au pied du temple de Bel et de la Grande Colonnade, nous enivrions des parfums épicés du souk d’Alep… Apamée, Bosra, Maaloula, Damas et la Mosquée des Omeyyades…  Les images de la Syrie que nous avions aimée s’estompaient dans la poussière des bombes et les gaz mortels. Nous avons attendu quelques années avant de replonger dans nos images et nos souvenirs.

Les photos et croquis qui suivent sont ceux d’une Syrie disparue. C’est le récit d’un voyage fait de rencontres et d’émerveillements devant les vestiges d’un passé à la croisée de l’Orient et de l’Occident.

Annie et Pierre Régior – février 2022